Page:Fortuné du Boisgobey - Le Pouce crochu, Ollendorff, 1885.djvu/123

Cette page a été validée par deux contributeurs.
119
le pouce crochu

lant était Zig-Zag lui traversa l’esprit ; mais elle s’aperçut, presque aussitôt que ces gens-là n’en voulaient qu’à son argent.

L’homme qui tenait d’une main les deux bouts de la courroie et de l’autre une trique, se retourna vivement et enleva Camille qui perdit pied et resta suspendue comme un paquet sur les épaules du bandit, pendant que le second détrousseur commençait à la fouiller.

Elle étouffait et cependant elle conservait le sentiment de l’existence, parce que le lien de cuir ne pesait que sur sa nuque, au lieu de lui serrer la gorge.

La pauvre enfant avait affaire à deux de ces voleurs qui pratiquent le charriage à la mécanique. L’opération est très simple et réussit toujours. Elle se termine assez souvent par la mort du patient, quand il a été enlevé dos à dos, parce que, dans cette position, la courroie porte sur le larynx et supprime complètement la respiration.

Cette fois, les deux coquins avaient employé le procédé le plus doux, et leur victime n’était encore que suffoquée.

Camille sentait de grosses mains se promener dans ses poches, et elle entendait des mots d’argot bourdonner à ses oreilles.

— Il y a gras !… de l’or dans sa montante…, une toquante dans son gilet… en v’là un drôle d’apprenti !… faut que ça soit un rupin qui s’est camouflé en ouvrier pour aller voir une largue de la haute… il a les mains blanches comme une fille.

Tiens ! c’en est une ! dit tout à coup le fouilleur.

Le béret dont Camille était coiffée, venait de tomber, ses cheveux, qu’elle avait rassemblés sur le haut de sa tête, venaient de se dénouer et ses longues tresses pendaient sur sa blouse.