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le pouce crochu

vira à les éviter. Nous n’avons qu’à marcher derrière lui,… un à un.

La jeune fille avait réponse à tout, et Courapied se résigna, d’assez mauvaise grâce, à exécuter la manœuvre qu’elle lui indiquait. Il suivit Vigoureux, et il lui eût été difficile de faire autrement, à moins de le lâcher, car il n’était plus de force à lui résister.

Georget venait après son père, et Camille après Georget.

C’était la file indienne, et cet ordre de marche convenait parfaitement à des gens qui tenaient à surprendre un ennemi au gîte ; car, ainsi rangés, ils n’étaient qu’un point, presque invisible dans cette vaste plaine, et ils avaient des chances d’arriver jusqu’à la maison, sans qu’on signalât leur approche.

À cent mètres de leur point de départ, ils rencontrèrent un gros tas de pierres qu’ils n’avaient point aperçu de loin et qui était cependant assez élevé pour les abriter. Courapied, toujours prudent, s’y arrêta et se mit à examiner les abords de la place.

C’était bien une maison, mais une maison en ruines. Le toit s’était effondré, et de deux cheminées qui surplombaient autrefois cette bâtisse, il n’en restait qu’une debout ; l’autre, en s’écroulant, avait couvert le sol de débris amoncelés. Cependant il y avait encore des volets aux fenêtres et les quatre murs paraissaient solides. Peut-être n’entouraient-ils qu’un espace vide, car aucune clôture ne protégeait extérieurement ces restes d’une villa abandonnée.

Qui l’avait détruite ? Il ne paraissait pas que ce fût un incendie, car elle était construite en briques rouges qui avaient conservé leur couleur. Ce n’était pas non plus le canon, car on ne s’est pas battu là pendant le siège.