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les mystères de montréal

À leur retour à Napierville, Poitras et Galarneau furent introuvables. Dans l’impossibilité de remplir leurs obligations ils s’étaient enfuis aux États-Unis.

Après leur fuite le notaire Duval, Cardinal et Lepailleur, deux autres chefs, partirent pour aller se consulter avec les patriotes de Beauharnois.

Là aussi on voulait se battre et, comme à Napierville, on n’avait presque point d’armes. Il vint à l’idée des chefs d’aller emprunter des fusils des sauvages de Caughnawaga.

Douze lieues séparent Beauharnois de Caughnawaga Cette bourgade, sise sur la rive sud du Saint-Laurent à trois lieues en haut de Montréal et vis-à-vis Lachine est un ramassis de deux cents huttes où vivent d’une manière primitive les restes de la nation iroquoise, autrefois forte et redoutable, aujourd’hui tombée en démence et inoffensive, mais qui a conservé à travers sa décadence le caractère farouche et hypocrite des ancien coureurs des bois personnifiés par Aontarisati.

Après trois siècles de luttes et d’efforts de la part des Jésuites missionnaires, ces sauvages sont restés barbares et indomptables. C’est avec difficulté qu’on leur fait abandonner leur vie errante et leurs mœurs nomades. Ils ne peuvent en aucune façon se résigner à respirer toujours l’eau de la même source. Ils disparaissent plutôt devant le progrès. Maintenant on les comptent dans le pays. Avant un siècle il n’y en aura plus. Morts ou mêlés aux blancs, ils ne subsisteront