— Ils sont à Rouse’s Point ?
— Oui et ils arrivent à temps plus que jamais, — entre parenthèses, il doit y avoir aussi deux petits canons. — On vient de m’apprendre que les troupes marchent sur Napierville… Elles seront ici demain soir, jeudi matin le plus tard. Allons-nous nous battre à notre goût enfin !…
— Alors, nous n’avons pas une minute à perdre.
— Non, il faut engager toutes les voitures disponibles et les envoyer sur-le-champ à Lacolle où on doit transporter les armes ce soir.
Le notaire se sépara de Poitras pour aller voir Paul Turcotte. Il lui dit de seller son cheval et d’aller dans les concessions engager autant de charretiers que possible. En même temps il envoyait Poutré dans le bas de Napierville avec le même ordre.
Vers dix heures il y avait trente charrettes devant les quartiers généraux des patriotes à Napierville.
La file se mit en marche pour Lacolle, conduite par Turcotte et Poutré.
Arrivés à l’endroit désigné les deux lieutenants virent qu’on se jouait d’eux. Personne à Lacolle n’avait entendu parler des fusils et assurément ils n’avaient pas été transportés là.
Turcotte se rendit à Rouse’s Point. Là, la même histoire. En le voyant revenir Poutré lut sur sa figure. Les charretiers maugréèrent et ceux qui n’étaient pas des patriotes ardents voulurent se faire payer sur-le-champ.