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les mystères de montréal

Les événements se précipitaient. Le mois d’octobre avait été employé à rallier les patriotes et à les exercer un peu. C’était durant le mois de novembre qu’on allait agir.

La veille du deux de ce mois de l’année mil huit cent trente-huit, Duval et son lieutenant arrivèrent à cheval à Saint-Jean. Le notaire eut une entrevue avec Poutré et lui dit :

— Les Habits-Rouges s’avancent dans la direction d’Odelltown : ils sont cinq mille. Pour bien faire, il faudrait aller les rencontrer dans ce village : vos hommes sont-ils prêts à partir demain ?

— Dame, ils sont prêts à partir dans une heure, si vous voulez, mais ils n’ont pas de fusils.

— C’est vrai, pas de fusils, et ce Poitras et ce Galarneau nous font bien attendre… Qu’importe, cependant, Turcotte a ramassé trois cents fusils de chasse et avant neuf heures demain matin il en aura cent autres.

— Quatre cents fusils pour trois mille personnes.

— Je comprends que c’est faible mais c’est mieux que rien, et, comme vous le voyez, nous ne soutiendrons pas une bataille en règle à Odelltown ; il s’agit seulement d’arrêter les Anglais dans leur marche… D’ailleurs je crois que nous aurons nos quatre mille fusils cette nuit.

En parlant ainsi Duval avait la tête basse et frappait le sol du talon, ce qui était chez lui la manifes-