Un jour le docteur Nelson voyageait incognito aux environs de Sabrevois, quand deux bureaucrates le reconnurent et lui donnèrent la chasse. Le patriote courut un mille et arriva sur le territoire américain juste à temps. Il fit la niche aux bureaucrates, épaula son fusil et les fit fuir à son tour.
Un autre fois, Duval haranguait des habitants qui faisaient les travaux dans le deuxième rang de Saint-Jean et Paul Turcotte les enrôlait. Survient une patrouille d’Habits-Rouges. Les habitants la voient venir, et détellent deux chevaux. Les chefs patriotes sautent à cheval et gagnent les bois.
— Et vos chevaux ? dit Turcotte.
— Vous nous les rendrez quand vous viendrez nous assermenter.
— C’est bien, au revoir !
Les deux chefs furent fidèles.
Huit jours après, ils revinrent remettre les montures aux propriétaires et en même temps assermentaient cent cinquante hommes bien décidés à se battre.
C’est que Saint-Jean était une place terrible qui fournissait de vaillants patriotes ; Félix Poutré n’était pas un enfant et il donnait du fil à retordre aux Anglais.
On l’avait trouvé travaillant dans son champ la tête basse en pensant qu’avant longtemps peut-être ce champ serait la propriété d’un maître étranger. Ce fut au milieu de ces sombres réflexions que le docteur Côté lui proposa de s’enrôler dans la ligue. Poutré ne