il, un chef, un de ceux qui commandaient les patriotes la nuit dernière. Vous mériteriez d’être fusillés à sa place.
Gore était un homme qui paraissait dur mais au fond c’était un brave cœur. Appelé par les circonstances à remplir des fonctions pénibles, il avait contracté des manières rudes et une figure froide qui paralysait ceux qu’il appelait devant lui.
Il marcha quelques minutes les mains derrière le dos.
— Field, dit-il à son lieutenant, inscris-moi le capitaine Belford et sa compagnie pour une quinzaine.
C’était quinze jours de prison.
Comme le colonel tenait beaucoup à la tête de Paul Turcotte, il résolut de se mettre à sa poursuite. Le patriote était déjà bien loin sans doute et autant valait chercher une aiguille dans une botte de paille.
— Colonel, dit le traître Charles Gagnon, je connais un endroit où vous auriez peut-être une chance de rejoindre votre oiseau.
— De quel endroit voulez-vous parler ?
Le traître, comme s’il eut regretté d’avoir lancé sa phrase, hésita à répondre ; puis faisant un pas vers le colonel, il dit à voix basse :
— Ce que je vous dis est confidentiel : mes paroles ne doivent pas sortir de cette maison.
Il jeta un coup d’œil aux officiers puis continua :
— Vous connaissez Matthieu Duval le notaire ?
— Ce patriote qui demeurait près d’ici dans la belle maison qui a été incendiée ?