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les mystères de montréal

feu. Duval se retourna et vit un de ses partisans tomber à la renverse, une jambe fracassée.

— Mes amis, dit-il alors aux patriotes, ce serait une folie d’essayer à lutter dans de telles circonstances… Nous sommes enveloppés de toutes parts : d’un côté, les Anglais ; de l’autre, le feu, cependant nous ne sommes pas pour brûler vifs dans cette maison. N’ayons pas peur de fuir. Nous serons plus utiles à la patrie dans une autre occasion… Allons, Paul, prends la porte du sud, moi je prends celle-ci ; suivez-nous tous, coûte que coûte il faut passer à travers cette haie d’Habits-Rouges… Mort à eux !…

Les patriotes s’élancèrent au dehors l’arme au poing. Mais ils essuyèrent une fusillade meurtrière. Ne pouvant tenir tête aux ennemis, ils se débandèrent et s’enfuirent dans toutes les directions.

Alors ils s’aperçurent que le village était en feu. De partout s’élevaient de sinistres clameurs et à la lueur des incendies on voyait les bâtiments qui s’écroulaient les uns après les autres.

Les familles des habitants s’étaient refugiées à Saint-Charles ou à Saint-Antoine. Celle du notaire Duval avait gagné le deuxième rang de Saint-Charles où elle avait une propriété louée à Félix Boisvert, un patriote.

Ce fut là que Matthieu Duval la rejoignit à trois heures du matin. Il ne fut qu’un instant avec elle : le temps de lui dire qu’il était vivant. Il embrassa sa femme et ses enfants et leur dit :