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fants que ce gros capitaine de la semaine dernière est avec eux.

— Nous avons reconnu son cheval noir, reprit son petit frère.

À cette nouvelle Duval sella son cheval et partit pour aller chercher son lieutenant qui demeurait à quinze arpents plus bas que l’église. Devançons-le d’un instant chez Paul Turcotte.

Vers quatre heures un habitant de Saint-Denis, nommé Roch Millaut, entra chez le fiancé de Jeanne Duval.

Roch Millaut demeurait dans la quatrième concession, dite des bureaucrates. C’était un homme dans la quarantaine, de peu d’apparence mais d’une figure énergique qui ne trahissait jamais une émotion. Sa réputation n’était ni bonne ni mauvaise : cependant ses voisins disaient qu’il ne s’était pas approché de la sainte-table à la dernière Pâque.

Il était de ceux qui restaient neutres dans le mouvement inauguré par les comtés confédérés.

Il dit à Paul Turcotte en entrant :

— Ma foi… oui, vous l’échappez belle, là, vous autres les patriotes…

— Comment ça ? demanda avec calme le lieutenant de Duval.

— Les Habits-Rouges sont à deux pas d’ici, dans le bois de Bergeron, attendant la nuit pour venir vous hacher fin, en commençant par toi, mon bonhomme.

— Tiens les voilà revenus, qui vous a dit cela ?