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les mystères de montréal

monsieur vous passera au doigt l’anneau des fiançailles, et que ce bal est donné à l’occasion de cette cérémonie…

Jeanne Duval ne put s’empêcher de rire davantage.

— Oh, docteur, fit elle, vous êtes surprenant ! Qui a bien pu inventer cela et de quel monsieur voulez-vous parler ?

— Tenez, le voilà justement qui vient reprendre sa place à vos côtés ; il est juste que je la lui rende, n’est-ce pas ?

Jeanne regarda. Le banquier s’avançait vers elle et le docteur disparaissait en saluant.

Comme ce dernier venait de le dire, beaucoup de personnes pensaient que le banquier donnait cette fête à l’occasion de ses fiançailles qui, selon eux, devaient avoir lieu vers la fin du bal.

Il est bientôt onze heures.

Le bal est dans tout son entrain. Couples brillants, et beaux valseurs habiles, jeunes filles, adolescents, hommes murs, tous se laissent aller à la mélodie entraînante de la valse : heure où la jeune débutante, hors d’elle-même, rêve, devant les enivrantes images d’une grande soirée. C’est le temps de dire avec le poète :


C’est la première fois qu’elle entre dans ces fêtes.
Elle est en blanc : elle a dans les tresses défaites
De ses cheveux, un brin délicat de lilas,
Elle accueille d’abord, d’un sourire un peu las,