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les mystères de montréal

comme celui-là, nous aurions vite fini avec ces chenapans de Guatémaliens.

— Le Canadien paraît même rechercher la mort. En le voyant dans l’engagement de Jora, s’exposer au premier rang, je lui demandais pourquoi il s’exposait ainsi aux balles de l’ennemi, il me répondit avec indifférence qu’il aurait été heureux de mourir en combattant pour une bonne cause.

— Je ne comprends point cet homme-là.

— Moi non plus, reprit Homera… Il a laissé son château de Vera-Cruz et ses millions pour venir au-devant des balles ennemies.

— Si vous saviez, dit Escobar, comme il y a des cœurs ulcérés… Le suicide leur répugne, cependant ils ne fuient pas les occasions de mourir… Si le bonheur s’achetait avec des sacs d’or le capitaine Turcotte serait heureux.

— Et peut-être le Mexique serait-il privé d’un bras puissant… Tenez, le voilà qui part…

Turcotte à la tête de neuf vigoureux militaires sortait du camp, et s’élançait à cheval, ventre à terre vers l’ouest.

On le regarda aller jusqu’au détour de la montagne, et quand il eut disparu, Escobar s’écria :

— Vive le Mexique ! Vive Turcotte !

Le soir de ce jour, le Canadien et ses hommes, du haut de la Sierra Leone, virent se dérouler dans le lointain les eaux bleues de l’océan Pacifique.