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les mystères de montréal

il avait battu comme un fou le pavé du grand New-York, et tout cela en vain.

Le malheureux fiancé de 1837, sans parents au Canada, était retourné au Mexique, attendre l’heure où il reverrait ses parents et sa fiancée dans un monde meilleur.

Le suicide lui répugnait, mais il recherchait toutes les occasions de donner sa vie. Il se lançait dans les périls de toute espèce. Un jour, on le vit dans un incendie se jeter dans les flammes pour en retirer un vieillard qui n’avait qu’un instant à vivre. On ne connaissait plus Turcotte que sous le nom de l’intrépide millionnaire. Mais le souverain maître ne voulait pas de la vie de ce malheureux proscrit.

Une guerre survint dans le pays : Turcotte s’enrôla.

Un matin, étant sorti de chez lui, il y rentra aussitôt, et, ayant appelé son domestique, lui dit :

— José, fais mes malles cet avant-midi même. Je dois prendre la diligence qui part ce soir pour Mexico.

— Monsieur part ?

— Oui… le Mexique a été insulté… Je vais me mettre à la disposition de notre vaillant président, señor Escobar… Va prévenir Labadie que j’ai à lui parler…

Un quart-d’heure après, un homme dans la trentaine, entrait dans la chambre du millionnaire. Il avait une longue chevelure châtain qui flottait sur ses épaules et une barbe de la même couleur, qui cachait la partie inférieure de sa figure. Sa stature était plus petite que