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les mystères de montréal

— Votre tour viendra encore.

— Pardon, je ne rentre plus à la bourse. Mon siège, que j’ai remis hier, a été accepté… J’en suis content… Je referai, dans des spéculations moins dangereuses, la somme perdue, heureux si avant de mourir, je vois la fin de ma dette.

— Vous la reverrez et avant longtemps.

Charles Gagnon alias Hubert de Courval était né industrieux, intriguant, et s’il eut employé ses talents à de bonnes œuvres, il eût été d’une grande utilité à son pays, surtout à l’époque scabreuse qu’il traversait. Mais ce fut pour en faire un mauvais usage que Charles Gagnon développa chez lui, les germes dont la providence l’avait doué.

Il réussissait dans ses projets infâmes, et ses affaires prospéraient. Il revoyait Jeanne, machinait de nouveaux plans pour la posséder, pour en faire sa femme. Le dernier mot de la fiancée de Paul Turcotte ne l’avait pas découragé.

Ne dirait-on pas que le ciel encourage ces malfaiteurs tandis qu’il poursuit opiniâtrement les observateurs des lois saintes ? Pourtant la vérité est dans le contraire. À ces impies qui se jouent de la religion, à ces immoraux qui se font fi de la loi naturelle. Dieu réserve dans l’autre monde une vie qui sera le contraire de celle qu’ils auront menée sur la terre. Puisque ces hommes, par leurs actions mauvaises, qu’ils ne cessent de commettre, se préparent des souffrances éternelles, Dieu veut qu’ils jouissent quelque peu ici-