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les mystères de montréal

jolies misses se disputaient l’honneur de valser avec lui, et son nom volait de bouche en bouche.

On continua encore la conversation sur ce ton, discourant, comme dans tous les salons, sur des banalités, sur des riens, le banquier guettant l’occasion de faire sa demande. Il était mal à l’aise, madame Braun gênait.

Il pria Jeanne de se mettre au piano et lui offrit son bras ; alors on eut pu remarquer un tressaillement involontaire chez lui.

La fiancée de 1837 s’exécuta de bonne grâce et, en même temps que ses doigts couraient alertes sur le clavier, elle chanta :


Ton souvenir est toujours là.
Oh toi qui ne peut plus m’entendre,
Toi que j’aimais d’amour si tendre.
Jamais mon cœur ne t’oubliera.
Toujours présent à ma pensée.
Ton souvenir est toujours là.

Je les ai vu ces mêmes lieux
Où nous livrant à l’espérance,
Aux simples jeux de notre enfance.
D’amour succédèrent les feux.
J’ai retrouvé l’ombre discrète,
Que notre amour souvent chanta :
Charme si doux que je regrette tant
Ton souvenir est toujours là.

En vain je vois autour de moi.
Des plaisirs la troupe légère,
Chaque jour chercher à distraire
Un cœur qui ne vit que pour toi.