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les mystères de montréal

doit bien te connaître lui qui a passé une journée dans ta tribu. Mais tu t’adonnes mal, il n’est pas ici… Vois-tu cette montagne bien loin là-bas ?… C’est là que tu aurais dû aller…

Et les sauvages commencèrent à rire.

À cette réponse, le Canadien vit disparaître sa dernière planche de salut. Personne ne le connaissait dans ce camp et on lui réservait le sort qui avait été autrefois réservé à Irisko,

— Je ne viens pas ici pour faire du mal à Irisko, reprit-il, je lui ai sauvé la vie il y a quelque temps…

Mais les sauvages ne l’écoutaient pas. Leurs cris barbares dominaient sa voix atterrée. Ils dansaient autour de lui et commençaient déjà à aiguiser leurs grands coutelas pour le festin.

Ils parlaient ainsi entr’eux :

— Le grand chef Olitara doit être ici ce soir. Il arrivera à temps pour le festin.

— Son fils Irisko sera content de pouvoir se venger de ces chiens de Guaranis. Il se rappelle que s’ils ne l’ont pas mangé, c’est qu’ils n’ont pas pu…

— Penses-tu qu’Olitara et son fils mangeraient de ce chien ? Il est trop maigre… Nous ne les attendrons pas un instant, nous commencerons au coucher du soleil…

Les préparatifs avançaient toujours. Le soleil baissait rapidement. L’infortuné Canadien interrogeait en vain l’horizon ; il n’apercevait que la plaine et quelques arbres qui agitaient leurs cimes courbées par le vent.