Turcotte — surnommé Ticondar — vivait ainsi depuis deux mois sans espoir de retourner parmi les peuples civilisés. Il avait fallu faire cinq cents lieues à travers le désert avant de rencontrer un blanc. De plus il était gardé à vue par les Guaranis, qui voyaient en lui un être puissant, qui les faisait triompher dans les batailles.
Depuis quelques jours cependant il songeait à s’évader.
Une après-midi, il apprit par un sauvage que la tribu des Outeiros était campée à une journée de marche de la rivière Tabajos. Il ne laissa rien voir, mais il se dit en lui-même que s’il parvenait à se rendre chez les Outeiros, Irisko, qu’il avait délivré d’une mort affreuse, lui fournirait les moyens de retourner dans son pays.
Cette idée l’obséda toute l’après-midi. Il retourna auprès du sauvage qui lui avait appris cette nouvelle et l’interrogea sur l’endroit précis où étaient campés les Outeiros.
Le soir venu, il trouva un prétexte pour laisser son cheval sur la rive du fleuve, au lieu de le traverser dans l’île.
Quand la tribu fut plongée dans le sommeil, le Canadien se leva et ayant pris des vivres pour trois jours, il traversa le Tabajos, sella son cheval et partit ventre à terre dans la direction du camp des Outeiros.
Il traversa d’abord un désert des plus arides, puis,