Page:Fortier - Les mystères de Montréal, 1893.djvu/345

Cette page a été validée par deux contributeurs.
345
les mystères de montréal

— Ta, ta, ta, pas de ces histoires-là, dites-lui qu’on le demande immédiatement.

— Quel est votre nom ?

— Inutile de le dire. Je veux voir le banquier et je monte à sa chambre s’il ne descend pas.

Le domestique hocha la tête et disparut dans un escalier conduisant à l’étage supérieur.

L’étranger fit le tour du boudoir où on l’avait fait entrer et examina les cadres suspendus au mur.

Meublé avec richesse, l’appartement présentait un coup d’œil chic. Çà et là une chaise de crin, de velours, placée avec une négligence étudiée. Près de la fenêtre qui donnait sur le jardin, un sofa était adossé au mur, à côté un secrétaire en noyer noir sur lequel gisaient des paperasses de toutes sortes ; au milieu de la chambre, une étagère où s’étalait la plus variée des collections de bibelots. Jamais on n’eut deviné que ce fut là le boudoir d’un vieux garçon.

L’étranger examinait tout. Arrivé en face du portrait du banquier de Courval, il s’arrêta et plissa les lèvres en balbutiant à mi-voix :

— C’est bien toi, lâche ! voleur ! assassin !

Il se retourna. Le banquier apparaissait dans le cadre de la porte.

Les deux hommes se trouvèrent face à face, et deux cris, l’un poussé par l’ami de George Braun, l’autre par l’homme mal habillé, s’échappèrent en même temps de leurs poitrines oppressées.

— Matson !