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les mystères de montréal

pouvoir prononcer une parole. Alors l’auteur du coup de massue coupa les liens du prisonnier.

L’Outeiro crut que son dernier moment était arrivé. Avant qu’il fût revenu de sa crainte extrême, l’homme qui avait coupé ses liens lui dit :

— Sauve-toi, tu n’as pas une minute à perdre !

Le sauvage crut que ses oreilles le trompaient.

— Qui es-tu, demanda-t-il en tremblant, et pourquoi fais-tu cela ?

— Je suis Turcotte. Et toi, ton nom !

— Irisko, fils du grand chef Olitara !

— C’est bien, souviens-toi de mon nom et regarde-moi comme il faut, afin de me reconnaître, si tu me rencontres un jour.

— Je te reconnaîtrai… Et je suis libre ?

— Oui. Fuis.

— Je me souviendrai de toi.

Et Irisko partit avec l’agilité du chevreuil.

Son libérateur regagna sa tente.

Un quart d’heure après, le gardien évanoui reprit ses sens ; il poussa un cri formidable et toute la tribu fut sur pied.

On s’approcha du poteau. Le prisonnier n’y était plus. Comme des chiens enragés les Guaranis s’élancèrent à sa poursuite.