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les mystères de montréal

mort du voyageur français, ils avaient toujours vaincu les Guaranis, et l’apparition de ce nouveau blanc, qui marchait au premier rang, en vomissant un plomb meurtrier, venait encore une fois changer les chose.

Le fils du chef des Outeiros avait été fait prisonnier.

C’est lui qui le lendemain, au lever du soleil, rassasiera de sa chair les instincts de cannibale des Guaranis.

Son nez aquilin, ses yeux vifs, ses membres mal développés et sa stature petite nous disaient qu’il appartenait bien à la nation des Outeiros, qui, de temps immémoriaux est en guerre avec les Guaranis.

Malheur à lui, car un destin fatal l’attend. Aussi il a été trop téméraire dans la dernière rencontre. Il payera pour toute sa nation.

Il connaît la mort horrible qu’on lui réserve. Pâle et défaillant, il regarde souvent dans le lointain, pour voir si sa tribu ne vient pas à son secours.

On danse en ronde autour du fils du chef des Outeiros. Les chants guerriers des Guaranis, retentissant à ses oreilles, lui font endurer des souffrances semblables à celles qui doivent lui enlever la vie.

Ratraca, le vieux rancuneux, regarde sa proie avec satisfaction. Un sourire cruel fait plisser ses lèvres épaisses. Il va pouvoir assouvir sa haine en buvant le sang et en mangeant la chair du fils de son plus mortel ennemi.

— Le Grand-Esprit, répète-t-il en se promenant au milieu de sa tribu, aime ses enfants les Guaranis, il