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les mystères de montréal

que moi. La tribu des Guaranis n’a pas besoin de l’arme à feu. Que chacune de ces tribus sauvages combattent à armes égales.

« C’est pourquoi j’ai séparé mon fusil en plusieurs morceaux. Celui qui voudra s’en servir n’aura qu’à les assembler par ordre de numéros. Ainsi les sauvages n’en comprendront jamais le mécanisme.

« Sur une autre écorce que je roule avec celle-ci est un petit dictionnaire de la langue des Guaranis. Puisse-t-il être utile !

« Je voudrais que ce billet fut remis comme souvenir à ma famille, à mon père, Jules Lamirande, maître ébéniste à Brest, ou à ses enfants, mes frères et sœurs.

« Quant à mon fusil, qu’on le laisse ici, si c’est possible, dans les mêmes conditions que je le laisse.

« Cette arme m’a conservé la vie durant deux ans, que ne me la conserve-t-elle encore en ce moment suprême où je sens la mort s’avancer vers moi à grand pas.

« J’ai été mordu la nuit dernière par une vipère venimeuse et je sens son venin envahir tous mes membres. Je vais mourir d’une mort affreuse, loin de mes compatriotes. J’ai fait un effort surhumain pour écrire ces lignes, je n’en peux plus… Que Dieu ait pitié de mon âme… Yves Lamirande.

Après la lecture de ce document, Turcotte, comprit l’histoire de son ovation. Il examina le fusil et en comprit aussitôt le mécanisme. Il assembla les mor-