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les mystères de montréal


La noblesse est dans le courage,
Dans les talents, dans les vertus.
Le service de la patrie
Peut seul ennoblir le héros ;
Plus de noblesse abâtardie,
Repue aux greniers des vassaux.

Mais je vois des mains inhumaines
Agiter un spectre odieux !
De fureur bouillonne en nos veines,
Ce noble sang de nos aïeux :
Dans ces fôrets, sur ces montagnes
Le bataillon s’apprête, et sort :
La faulx qui rasait nos campagnes
Soudain se change en faulx de mort.
Ô terre américaine,
Sois l’égale des rois ;
Tout te fait souveraine,
Ta nature et tes lois.


Aussitôt les uns se mirent à nettoyer leurs fusils ou à faire des balles, et les autres à affiler des faulx et à aiguiser des fourches, car faute d’un nombre suffisant d’armes à feu on se servait de n’importe quel instrument agricole pour faire face à l’ennemi.

Les patriotes avaient hâte de combattre. On le voyait par les propos qu’ils tenaient entre eux.

— Les Habits-Rouges, disait Laflèche, emporteront un mauvais souvenir de nos faulx de six pouces, sans compter que nous aurons une diable de journée ; pas une étoile, dame, c’est certain, il ne fera pas beau.