Page:Fortier - Les mystères de Montréal, 1893.djvu/317

Cette page a été validée par deux contributeurs.
317
les mystères de montréal

était assiégée non seulement par une foule de jeunes élégants, qui n’ont pour eux que le nom de leurs pères — comme il y en a tant à Montréal — mais encore par des partis sérieux, assez âgés et avantageux qui reconnaissaient en Jeanne Duval des qualités précieuses.

La fiancée de 37 écoutait avec indifférence les protestations d’amour qu’on ne cessait de lui répéter.

Pour réponse elle n’avait qu’une parole qui consistait en un refus formel de donner sa main à qui que ce fut.

Cette formule aigrit d’abord George Braun puis finit par le fâcher. Il usa de douceur, représenta à la jeune fille les avantages qu’elle retirerait en s’unissant à un homme distingué et qu’elle n’était pas faite pour rester célibataire.

Comme cela ne produisait aucun effet, le beau-frère changea de ton et dit que si elle ne voulait pas se marier de bon gré, il lui imposerait un homme qu’elle serait forcée d’épouser, l’aimerait-elle ou non.

C’était donc de cette jeune fille qu’avait parlé Braun au souper du « London Club ». C’était en entendant parler d’elle que de Courval avait paru mal à l’aise. C’était à elle qu’il devait être présenté en allant prendre le dîner le dimanche suivant chez son ami.

Le surlendemain, ce dernier annonça la nouvelle à Jeanne, qui était dans le boudoir, attendant l’heure de la grand’messe.

— Connaissez-vous le banquier Hubert de Courval ? lui demanda-t-il.