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les mystères de montréal

loupe ne faisant pas partie des chaloupes ordinaires du bord, puisque pas une de celles-ci ne manquait.

— Et qu’a dit l’armateur Alvirez, de Gibraltar ?

— Je ne saurais vous le dire, car j’étais à Liverpool dans le temps.

— Je me propose de demander une nouvelle enquête sur ce sujet.

Mais le Scotland voguait rapidement vers les côtes d’Amérique. N’ayant pas été retardé par les vents alizés il avait traversé l’équateur depuis dix jours et la vigie avait signalé la terre à l’ouest. Le capitaine Hawthorne s’entretenait souvent avec Paul Turcotte en qui il trouvait un marin consommé.

Un soir le soleil venait de disparaître à l’occident Hawthorne prenant Turcotte à part lui demanda en montrant l’horizon.

— Que pensez-vous de ce nuage qui vient là-bas ?

— Il vient bien vite, répondit le Canadien en regardant le capitaine du Scotland.

Ces points noirs qui apparaissaient dans le ciel après le coucher du soleil sont l’effroi des marins car ils annoncent un orage qui se fait sentir rudement.

— Je fais carguer les voiles à l’instant, dit le capitaine.

— C’est plus prudent.

Le point noir, comme un troupeau de bisons que le chasseur voit venir de loin, grossissait à vue d’œil.

L’équipage le craignait. Les passagers cherchaient à découvrir quelque chose sur la figure grave de ces