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duiront tôt ou tard dans une de ces institutions où l’on soigne les maladies du cerveau.

Braun accompagna sa phrase d’un geste qui laissait entendre que la personne dont il parlait était monomane.

— Des peines d’amour, sans doute, reprit de Courval en commençant à manger.

— Oui et seulement à y penser, j’enrage… Tenez, figurez-vous qu’elle aime un individu qu’elle ne reverra jamais.

— Qu’elle ne reverra jamais !

— Non, un navigateur qui est disparu dans une affaire borgne, en traversant l’Atlantique.

— Tiens.

— Oui, dans cette affaire du brigantin le Marie-Céleste, dont il était le capitaine.

À ces paroles de Courval devint soudainement pâle et à travers son verre qu’il tenait d’une main tremblante, il regarda Braun avec des yeux de feu.

— Dans l’affaire du Marie-Céleste ! s’exclama-t-il sourdement.

— Oui ; vous connaissez cette histoire ?

— Si… un peu… pour en avoir entendu parler… Cette jeune fille si charmante, comment s’appelle-t-elle ?

— Jeanne Duval.

— Jeanne Duval ! Et vous êtes marié avec sa sœur ?

Braun fit un signe de tête affirmatif.

— Tiens, tiens, allons donc, je ne savais pas que vous