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les mystères de montréal

Aussitôt on eut dit qu’un navire surgissait de l’eau à un mille de là. Des lumières apparurent les unes après les autres et les traîtres du Marie-Céleste distinguèrent la coque d’un navire colossal qui lofait.

Bâbord la barre ! commanda Matson en descendant du mât en souriant et en prenant le commandement du brick.

Bâbord la barre ! répéta Vogt, qui fit signe à Hochfolden, devenu le timonier.

— Voilà, vous ai-je trompé mes amis ? continua l’émissaire de Buscapié.

Les matelots regardaient avec un ébahissement mêlé de crainte ce vaisseau formidable qui venait en ligne droite sur le Marie-Céleste. Si l’on allait leur faire un mauvais parti. Ils craignaient presque. Aussi tout se prêtait à la crainte. La nuit était silencieuse et noire. Pas une étoile dans le ciel mais de gros nuages qui moutonnaient sans interruption, poussés par un fort vent nord’est.

Les deux navires venaient de coller leurs flancs l’un à l’autre.

— Tout est-il correct ? demanda une voix venant du Solitaire.

All right ! répondit Matson en se servant de ses mains en guise de porte-voix.

En même temps des matelots lancèrent un câble qui vint tomber sur le Marie-Céleste et que Vogt enroula sur un cabestan.

Un petit homme du corsaire enjamba les deux bas-