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les mystères de montréal

Paul Turcotte. Il jetait de temps en temps un coup d’œil au dehors.

Vers neuf heures il se leva, se dirigea vers la porte et après avoir fait quelques pas autour de la maison, il rentra en disant à son lieutenant :

— Il me semblait avoir entendu du bruit et je croyais que c’était nos gens qui arrivaient… Il commence à se faire tard…

— Notre monde n’a pas encore retardé, répondit Paul Turcotte qui nettoyait de vieux fusils. D’ici au quatrième rang, il y a deux bonnes lieues, et ma foi, cette nuit ce n’est pas un temps pour marcher. Les chemins sont impraticables, sans compter qu’il commence à faire noir comme chez le loup.

— Ah ! s’il n’y avait que cela à craindre…

— Que craindriez-vous donc ?… Est-ce que par hasard quelqu’un refuserait de répondre à votre appel, d’embrasser notre cause ?

— Tu sais qu’à Saint-Denis comme partout ailleurs il y a deux partis.

— Oui, mais quand il s’agit d’une chose importante comme l’est notre entreprise, on met les partis de côté.

— Tous ne pensent pas comme toi, mon jeune homme.

— Alors vous croyez qu’il y en a dans la paroisse qui veulent faire échouer le mouvement des patriotes.

— J’ai raison de le croire… Je connais tous les habitants ; je sais que parmi eux il y a des imbéciles qui préfèrent subir des injures plutôt que d’abandon-