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les mystères de montréal

plaintive et harmonieuse les couplets suivants que le vent emportait à une grande distance :


Chère Virginie, les larmes aux yeux,
Je viens te faire mes adieux ;
Je vais partir pour l’Amérique[1]
Déjà c’est le soleil couchant, voilà mon brick.
La voile est mise au vent,

Elle disait ! Beau matelot,
Toi qui navigue sur les eaux,
Il arrivera un naufrage.
Qui fera périr ton équipage ;
Et moi qui reste ici maintenant,
Je vivrai seule, sans amant.

— Chère Virginie, ne crains donc rien :
Je suis le premier marin.
Ah ! je connais le pilotage.
Je suis sûr de mon vaisseau.
Il n’arrivera aucun naufrage.
Quand je serai sur les eaux.


Ces chansons-là si canadiennes impressionnaient vivement le capitaine Turcotte qui les avait chantées lui même ou entendu chanter autrefois à Saint-Denis.

— Tu chantes bien, dit-il à Auger, et c’est comme cela qu’on les chante là-bas.

Le capitaine était ému par l’obsession d’un souvenir datant de 37-38.

Puis tout-à-coup il dit à Longpré, un autre de ses matelots.

  1. Dans les campagnes du Canada, les États-Unis sont désignés sous le nom d’Amérique