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de la poupe à la proue, et quarante dans son extrême largeur. Il avait quatre étages et deux ponts : le grand mât mesurait soixante pieds de hauteur et à sa base il fallait trois hommes se tenant par la main pour lui faire une ceinture.

La cabine du capitaine Helpin était devenue celle de Buscapié. Au lieu d’étendards français, de tableaux historiques représentant des combats navals, de permis de naviguer, de brevets de capitaine qui la tapissaient autrefois, c’était maintenant des drapeaux noirs avec des têtes de morts et des tibias, des tableaux représentant des orgies où il y avait des femmes dévergondées, des coutelas, des revolvers chargés et des haches d’abordage.

Avant la fin des deux jours accordés par Hermienk, Buscapié arriva sur le navire. Son accoutrement était celui d’un prêtre américain.

À son arrivée sur le Solitaire une cinquantaine d’individus à mine rébarbative, et dont on n’eut jamais soupçonné la présence à bord, débordèrent sur le pont par toutes les issues, et serrèrent la main au capitaine.

L’un d’entr’eux lui dit :

— Il me semblait, capitaine, que vous étiez parti pour deux jours seulement.

— Avez-vous été contrarié ? demanda un autre.

— Et Matson ? fit un troisième.

— En effet, j’étais parti pour deux jours seulement, répondit le chef pirate, mais il est survenu un incident qui a changé l’itinéraire de mon retour, et qui m’a sé-