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CHAPITRE III

le roi des pirates


Buscapié ! ce nom est une légende pour les habitants des côtes de la Caroline, de la Géorgie, de la Floride, du Venezuéla et de plusieurs îles des Antilles. Aujourd’hui même que celui qui le portait est disparu de ce monde, on n’a qu’à le prononcer pour rappeler des scènes de piraterie effrayantes, dont les côtes nommées ont été le théâtre de 1840 à 1845.

À cette époque un pirate redoutable, du nom de Buscapié, sans prédécesseurs dignes de lui être comparés, hantait l’Atlantique. La ruine des marchands, la terreur des voyageurs, le désespoir de la gendarmerie maritime, cet écumeur de mer, poursuivi, traqué comme une bête fauve, bravait aujourd’hui les autorités à force ouverte pour les déjouer demain par des ruses dont il était difficile de triompher.

Aussi avait-on mis à prix la tête de Buscapié et la coque de son navire le Solitaire.

Voici l’histoire de ce fameux pirate telle qu’on la raconte.

Vers la fin de mai 1840, le trois-mâts le Franc-Breton, ayant à son bord quarante-deux matelots sous les ordres du capitaine Helpin, et portant le pavillon français, laissa Saint-Malo pour les mers du sud avec une mission du gouvernement français, d’étudier dif-