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les mystères de montréal

plus pauvre qu’au moment de mon départ… Je suis obligé de mendier mon passage…

— Ce n’est pas en Espagne que nous allons, répondit le capitaine en regardant cet homme ; d’ailleurs les règlements de la compagnie défendent de prendre des passagers, à moins d’une autorisation spéciale.

Jos Matson répondit en retournant le bord de son chapeau :

— Vous n’allez pas en Espagne, mais rendu en Italie il me sera facile de gagner le pays… Je ne demande pas à m’embarquer comme passager ; je connais le métier et je vous aiderai comme matelot… Un homme de plus ne nuit pas…

Le capitaine qui continuait d’écrire reprit :

— Nous n’avons besoin de personne, mon ami. Cela ne se fait jamais sur le Marie-Céleste.

— Mais, capitaine, je n’ai que cette occasion de regagner mon pays, de revoir ma famille. C’est une charité que je vous demande au nom de Dieu et au nom de ce qui vous est le plus cher après lui…

À ces mots le capitaine du Marie-Céleste, le proscrit de 37, veut faire un acte de charité, et il ne veut pas refuser cet homme qui demande au nom de Dieu et au nom de ce que lui, Paul Turcotte, a de plus cher après Dieu. Il connaît trop ce que c’est que d’être séparé des siens.

Il se leva pour aller échanger quelques mots avec son second puis il revint en demandant à l’ancien forçat :