Page:Fortier - Les mystères de Montréal, 1893.djvu/222

Cette page a été validée par deux contributeurs.
222
les mystères de montréal

— Sans les papiers de ce señor Carvalho de Topez, on me filait.

— Vous avez trouvé moyen de les montrer ?

— Ah oui ! Mais tiens, j’ai bien crains quand je t’ai jeté le portefeuille de ce gros papa Mc Lean… Imagine-toi que j’ai fait une scène dans l’hôtel et si ce n’eut été de cette damnée perruque qui ne tient pas je me serais pris avec le détective.

— Et moi j’ai voulu me prendre avec le caissier de la banque de Montréal, parce qu’il m’a demandé qui j’étais ; je lui ai répondu qu’il m’insultait et qu’il m’en rendrait compte devant les directeurs de la banque.

— Écoute, Jos, il faut laisser la ville au plus tôt, tu le sais comme moi. Les limiers de Montréal sont fins et si nous restons ici, nous serons pris, toi surtout. Je t’ai trouvé une bonne occasion de sortir de la ville ; non seulement tu y trouveras ton salut, mais tu me rendras un grand service : tu acquitteras ta dette de reconnaissance envers moi.

En prononçant ces paroles le petit homme devint grave. Il alla au fond de la chambre puis revint vers la porte dont il poussa le verrou. Alors s’appuyant sur le chiffonnier, il continua ainsi en regardant son compagnon assis devant lui :

— Si aujourd’hui, Jos, tu es libre ; si heureux sans tracasseries, tu mènes l’existence des favoris de la fortune ; si tu peux sans contrainte donner libre cours à tes passions, marcher la tête haute dans la rue, avoir à ta disposition les boissons les plus délicieuses, à qui