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les mystères de montréal

Harry Smith ; comment il avait échappé au naufrage du Great-America ; comment il avait supporté la terrible épreuve du silence de sa fiancée, les idées noires qui l’avaient assailli et la joie qu’il avait ressenti en croyant que l’amnistie était générale.

De son côté Jeanne raconta les ruses incroyables dont Charles Gagnon s’était servi dans ses amours comment elle n’avait jamais oublié complètement son premier fiancé, et le bonheur qu’elle éprouvait de voir les projets de l’infâme traître déjoués à temps.

Il se faisait tard quand le patriote termina son récit et chacun se retira dans sa chambre pour essayer de dormir — après des émotions aussi fortes le sommeil ne vient pas facilement —. Le proscrit était devenu l’hôte d’Albert, d’ailleurs on le regardait comme faisant partie de la famille.

Le jour pointait à l’horizon quand les soldats de Montréal passèrent devant l’église de Saint-Denis. À cette heure matinale tout était plongé dans le sommeil.

Cependant au bruit du piaffement des chevaux, un habitant muni d’un fanal apparut sur le chemin du roi. Il salua les militaires selon l’usage du pays et dit à Gagnon.

— Paul Turcotte est chez la veuve… il est au lit depuis deux heures… du succès.

Guillet s’était entendu avec le traître de 1837 pour livrer le patriote.

Les soldats arrivèrent sans encombre à un arpent de la résidence de la veuve Duval. Ils mirent leurs mon-