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les mystères de montréal

atmosphère de plaisirs. Ses amis veulent l’entraîner dans le tourbillon des danseurs. Il refuse.

Ce spectacle bruyant le fatigue. Il attend avec impatience la fin du cotillon pour demander son chapeau à Exilda Bourdages.

Car il existe dans nos campagnes une coutume tout à fait polie. Elle veut qu’au commencement de chaque veillée la fille de la maison ramasse les chapeaux de ses hôtes. Elle les met dans un autre appartement et ainsi personne ne laisse la veillée sans qu’elle en ait connaissance.

— Pars-tu déjà ? demanda Exilda à Charles. Le plaisir ne fait que commencer. Tu n’as encore rien fait.

— C’est parce que je n’ai rien fait que je m’en vais. Je n’aime pas à faire la statue dans un coin, répondit brusquement Charles.

La jeune fille, surprise du ton sur lequel ces paroles étaient dites, demanda :

— Que veux-tu dire ? Est-ce que je t’ai fait des inconvenances ?…

— Non, pas toi, Exilda, tu es bien polie pour nous autres, mais il y en a d’autres.

— Qui ça ? demanda vivement la sœur de François Bourdages.

— Ah ! tu ne t’en aperçois pas, toi. Mais tiens, Paul est venu ici ce soir pour me narguer. Il force Jeanne Duval à danser avec lui pour qu’elle ne vienne pas avec moi…

Charles parlait sur un ton élevé et attirait l’atten-