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LES MYSTÈRES DE MONTRÉAL

— C’est faux, dis plutôt que tu as été trop lâche pour résister à l’or que j’ai fait miroiter à tes yeux.

— Misérable, ce sont là tes remerciements.

— À un employé récalcitrant on ne doit que son salaire.

— Tu parles franchement, Charles Gagnon, je vais t’imiter car j’ai quelque chose sur le cœur. Tu n’as pas oublié qu’un soir de juillet, il y a deux ans, c’est-à-dire à la mort d’Ameline, je me rendis chez toi fort abattu. Des remords avaient pénétré dans mon âme et je voulais sortir du complot. En m’entendant parler ainsi, tu te mis à rire en m’appelant ton exclave, en disant que tu me tenais dans tes filets et que j’avais plus d’intérêt que toi à garder le secret. Je n’ai jamais oublié ta conduite, j’ai paru satisfait comme toi tu paraissais ne plus aimer Jeanne… Ce matin, juste avant la messe, je me serais rendu au presbytère pour tout dévoiler au curé… Comme tu vois nous avions à peu près le même jeu…

Tels furent les derniers mots que les complices échangèrent entr’eux. La conversation s’était tenue à deux pas du bureau de poste ; l’un entra chez lui, l’autre continua son chemin en voiture.

Le milieu de cette journée fut marqué par un événement aussi triste que celui du matin pour la famille Gagnon.

Le vieillard éprouvé retournait chez lui à pied. Après s’être entretenu avec l’ancien lieutenant de