Les coups de vent du nord-est sont en général de courte durée et on put enfin toucher au quai.
Le sauveteur fut le dernier à sortir du bateau. Il espérait ainsi échapper à la foule, qui ayant été témoin, du rivage, de son acte d’héroïsme, s’était massée pour l’acclamer.
Le premier à lui adresser la parole fut Covinton, ce qu’il fit en français par politesse :
— Monsieur le patriote dit-il, le capitaine a dit que nous réglerions l’affaire en arrivant au port. Eh bien nous allons en effet la régler mais pas de la manière que vous pensez.
— Ne parlons pas de cela, interrompit l’homme au teint bronzé, seulement apprenez, monsieur Covinton, que les Canadiens-français et en particulier les patriotes de 37-38 ne sont pas des lâches…
— Votre nom ! crièrent cent voix.
Le sauveteur ne répondit pas ; il disparut au détour d’une petite rue.
La foule se dispersa. Le capitaine rentra dans son bateau et l’anglais s’éloigna avec sa femme en disant à haute voix.
— Oh le brave patriote ; j’aimerais bien à connaître pour beaucoup au monde où il demeure.
Quelques heures plus tard, l’homme au teint bronzé traversait le fleuve et se dirigeait vers les bords de la rivière Richelieu.