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les mystères de montréal

patriotes tient dans ses bras madame Covinton évanouie. Un cri de soulagement accueillit leur apparition. On les hissa à bord ; il était grandement temps, car l’homme au teint bronzé était à bout de force.

Il se retira pendant que l’Anglais, confus de la manière dont il s’était conduit dix minutes auparavant envers ce même homme, lui soufflait à l’oreille.

— Mon ami, je vous reverrai tantôt.

On rappela à la vie la jeune Anglaise. Son évanouissement causé par la peur et la trop grande absorption d’eau n’avait rien de dangereux. Madame Covinton ouvrit bientôt les yeux et regarda autour d’elle comme voulant remercier son intrépide sauveteur.

Les commentaires allaient leur train.

— Quel est ce brave ? se demandaient les passagers, entr’eux.

C’était la première fois qu’on le voyait.

— Il a l’air passablement familier avec l’eau, dit le pilote, depuis vingt ans que je navigue je ne voudrais pas en faire autant.

Au milieu du groupe deux hommes ne parlaient pas mais semblaient fort embarrassés ; c’était le capitaine du Sovereign et Covinton. Le premier avait promis de régler la question du coup de poing en arrivant à la ville mais l’incident dramatique qui venait de se passer brisait ses plans. L’autre homme embarrassé était Covinton qui, revenu de ses émotions, cherchait un moyen de remercier celui qu’il avait si grossièrement insulté.