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les mystères de montréal

étaient tantôt appuyés sur le bastingage de bâbord, en s’approchant pour mieux voir.

Le capitaine fut prompt à se relever. Il regarda autour de lui, mit la main dans sa poche et en sortit un sifflet de plomb dont il lâcha un vigoureux coup.

L’équipage accourut sur le pont.

— Saisissez cet homme ! cria le capitaine.

Aussitôt les matelots s’avancèrent pour s’emparer de l’individu au teint bronzé. Mais les jeunes gens qui avaient applaudi à la défaite du capitaine s’élancèrent en avant et l’entourèrent.

Les matelots n’osaient avancer.

— Obéissez ! rugit le capitaine de plus en plus fâché et pâle de colère.

Ses hommes étaient cloués sur le pont : l’attitude ferme des jeunes gens les paralysait.

— C’est bien, retirez vous, lâches que vous êtes, fit le marin ; nous réglerons l’affaire en arrivant à la ville.

Les matelots retournèrent à leur ouvrage.

Le capitaine se remit à converser avec Covinton, qui semblait fâché d’avoir été la cause d’un si grand tumulte et surtout de l’œil noir que son partisan avait en perspective.

L’homme au teint bronzé excitait la curiosité. On se demandait qui il était. Mais personne ne le connaissait. Il serrait la main à ses défenseurs et conversait avec eux. On jetait à la dérobée un coup d’œil sur le héros de cet incident qui était indifférent aux félicitations qu’on semblait vouloir lui adresser. On aurait dit