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les mystères de montréal

longue chevelure que secouait la bise du midi, et il apparaissait comme un homme qui fait de grands efforts pour se maîtriser.

Enfin, au moment où Covington achevait de dire qu’il ferait passer un mauvais quart d’heure aux patriotes, qui étaient des lâches, il fit un grand pas et se plaça en face de l’Anglais.

— Vous mentez, lui cria-t-il, ce ne furent point les patriotes qui furent lâches en 1837-38, mais ceux qui les vainquirent par la force et la trahison. Ceux qui les accusent sont des fanatiques : vous en êtes un.

— Vous êtes un grossier, fit Covington en se levant pour répondre à cet audacieux.

— Je suis grossier parce que vous l’avez été le premier en insultant les patriotes.

— Je ne savais pas que vous en fussiez un.

— Non, car si vous l’eussiez su, vous n’auriez pas dit ce que vous venez de dire. Vous êtes trop lâches vous et vos partisans.

Covinton ne souffla mot.

— Cela est faux, fit le capitaine du Sovereign un peu plus hardi, et pour le prouver, je vous dis à la face que les patriotes de 37-38 étaient des lâches ; qu’ils…

Il ne termina point sa phrase. Le défenseur des Canadiens-français lui appliquant un vigoureux coup de poing le fit rouler sur le pont à dix pieds plus loin.

— Bravo ! Bravo ! crièrent les jeunes gens qui