ans, grand maigre et sa femme était de quinze ans au moins plus jeune que lui.
À quelques verges d’eux un individu au teint bronzé se promenait au pas d’un marin qui fait son quart.
Il paraissait être dans une grande anxiété, à le voir on aurait dit qu’il avait hâte plus que tous les autres d’être rendu à la ville. Il s’assoyait mais ne pouvait rester en place. Il se levait, se promenait un instant en examinant les rives qui selon lui ne fuyaient pas assez vite et cherchait à se distraire en regardant ceux qui l’entouraient.
À cette époque on parlait beaucoup des troubles de 1837-38. Le décret d’amnistie en faveur de quelques exilés Canadiens venait de remettre plus vivace dans l’esprit du peuple les jours sanglants de ces deux années de lutte.
Les uns — les Anglais fanatiques blâmaient ce décret « Ces gens là, disaient-ils en parlant des patriotes, ne méritent point de pardon », les autres — et ils formaient la majorité, approuvaient l’action louable et patriotique du gouvernement.
James Covinton — c’était le nom de l’Anglais qui causait à bâbord avec le capitaine, — partageait l’opinion de ses compatriotes fanatiques et le capitaine était son chaud partisan.
Tous deux étaient à débiter mille inepties contre les patriotes.
— Savez-vous ce que le gouvernement aurait dû