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semaines un tout autre individu. Depuis son entrée dans le complot, il avait renoncé aux pratiques de religion que l’église ordonne à ses enfants. Il n’allait à la messe que pour la forme et n’avait plus d’aptitude à s’approcher des sacrements ; car il lui aurait fallu sortir du complot. Ce n’était pas facile.

Sur les entrefaites un événement douloureux jeta le deuil dans la paroisse et faillit tirer Antoine de son état de crime. Ameline Lanctôt, sur le point de se marier avec lui disparut de ce monde après une courte maladie.

La jeune fille lui dit en mourant :

— Continue d’être vertueux, Antoine, et nous nous rencontrerons là-haut.

L’époque qui suivit cette mort, fut pour le complice, une époque de découragement et de remord.

Il regarda la perte d’Ameline comme un châtiment de Dieu et il rentra en lui-même. Les dernières paroles de la jeune fille qu’il avait tant aimée tintaient à ses oreilles : « Nous nous rencontrerons là haut, répétait-il, non c’est faux ; si je ne change pas de vie ces paroles ne se réaliseront pas. »

En proie à cette pensée il s’arrêtait dans son ouvrage et réfléchissait. Il regrettait de s’être laissé corrompre ; il voulait sortir de cette vie criminelle.

Il résolut d’aller trouver Charles Gagnon pour lui demander une somme considérable. S’il était refusé il sortirait du complot.

Un soir il se rendit chez son séducteur qu’il trouva