C’était un de ces hommes, demi-espagnol, demi-indien.
Né de l’union d’un aventurier madrilain et d’une Indienne des montagnes du Brésil, il s’était lancé de bonne heure dans les aventures. Son adresse et son audace le rendaient propre à ce genre de vie et en plusieurs occasions Blackador s’en était fait un instrument utile.
Une demi-heure après son départ, une lumière partant du tillac du Marie-Céleste éblouit les yeux des quarante-quatre marins assis sur le rivage. Ils partirent au pas de course, faisant le moins de bruit possible dans la crainte de donner l’éveil.
À cette heure de la nuit les quais étaient déserts. À peine les pirates rencontrèrent-ils un passant attardé, qui, effrayé de cette procession, disparaissait aussitôt dans l’ombre.
Tout semblait dormir sur le Marie-Céleste et seul le clapotement des vagues qui venaient se briser sur ses flancs réveillait le silence de cette nuit ténébreuse.
Blackador s’arrêta un instant et se penchant en avant mit sa main droite autour de son oreille comme pour mieux entendre, puis de l’autre il fit signe à ses compagnons d’avancer tranquillement.
Il courait sur les quais, le long des flancs noirs du brick, cherchant le meilleur endroit pour monter à l’abordage.
Une voix tremblante se fit entendre sur le pont du Marie-Céleste :