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étaient retournés à bord. Il ne restait plus que des officiers avec leurs compagnons et des Espagnols de la ville.

Chesterfield dit à voix basse :

— Regardez s’il examine partout à qui il va engendrer chicane… Houle, vous allez assister à une scène je vous le promets.

— S’il vient ici nous le calmerons, répondit Houle.

— Ah ! ce n’est pas facile, croyez-moi. Depuis cinq ans que Blackador vient à l’« Aquila Bianca », il n’a pas encore rencontré son maître.

Longpré jeta un œil sur son second qu’il savait d’une jolie force et dit :

— Il peut le trouver au moment le moins attendu.

Blackador devenait insolent, se promenait dans la salle, insultant l’un, renversant le verre de l’autre et provoquant tout le monde.

On prêtait peu d’attention au jeu de cartes. Plusieurs joueurs s’étaient arrêtés au milieu de la partie et l’ambition s’était éteinte comme par enchantement. L’« Aquila Bianca » allait être témoin d’une de ces scènes qu’on se raconte le lendemain en se montrant des taches de sang.

En passant devant la table de nos quatre joueurs le pirate donna un coup de poing sur le verre de Houle qui roula par terre, se cassant en morceaux.

Chesterfield, Longpré et Saint-Amour regardèrent leur compagnon. Il ramassait tranquillement les pots cassés.