homme habitué à commander, d’un marin qui regarde le danger avec calme ; aussi la discipline règne-t-elle à bord.
On voyait suspendu dans sa cabine, à la tête de son lit, le portrait d’un blond jeune homme portant le costume des officiers de l’armée anglaise. Au bas écrit de la main du capitaine étaient ces mots :
Harry Smith, âgé de vingt-six ans, capitaine au 3ième bataillon de S.M. la Reine Victoria, tué à Saint-Denis de Richelieu, Bas-Canada, le 1er décembre 1837.
Ce portrait ressemblait quelque peu au second du Marie-Céleste. Celui-ci cependant était plus robuste et sa chevelure plus foncée. C’était un beau jeune homme avec des yeux mélancoliques jusqu’à la rêverie.
On le surprenait parfois appuyé sur le bastingage ou assis sur la passerelle, comme en proie à une idée fixe. On l’aurait cru monomane si ses actions n’avaient point affirmé le contraire.
Ceux qui vivaient dans l’intimité du contre-maître remarquaient qu’à certaines époques de l’année, il s’assombrissait davantage, devenait abattu et souvent se laissait tomber dans sa cabine comme affecté. Où chercher la cause de ces agissements singuliers ? Dans une aventure du passé sans doute. Mais cette aventure personne ne la connaissait.
La tristesse de ce brave marin, qu’en voyait quotidiennement s’exposer au danger, intriguait vivement le capitaine et les matelots. D’autant plus que le contre-maître semblait entourer ses antécédents d’un