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les mystères de montréal

Tous les dimanches le fils du maître de poste arrangeait ses ficelles. Tantôt il montait avec l’un tantôt avec l’autre et trouvait toujours moyen de se rendre au deuxième rang où demeurait Ameline Lanctôt qui avait refusé deux partis pour lui.

Charles connaissait tout cela. Souvent quand il se creusait la tête à la recherche d’un moyen de s’attacher le fils du maître de poste il avait pensé à l’amener veiller.

Ce fut pour cela que le dernier dimanche de juillet mil huit cent trente-neuf il attela son cheval et se rendit chez son cinquième voisin. Là il sauta à terre, et ayant attaché son cheval, il entra dans le bureau.

Lorsqu’il demanda à son ami s’il venait veiller avec lui, celui-ci répondit :

— Tu es bien aimable, mais cela dépend où tu vas.

— Tu sais que le dimanche soir je ne suis jamais libre.

— Nérée, qui va dans le haut du deuxième rang, m’a offert une place dans sa barouche.

— Bah ! répondit le marchand, j’irai dans le deuxième rang moi aussi. Tu sais que je n’ai pas de blonde et je m’amuserai avec les sœurs d’Ameline.

Antoine accepta volontiers cette offre et il monta dans la barouche de son ami.

Les deux cavaliers traversèrent le village pour aller prendre la route qui mène au deuxième rang. Quelques minutes après ils arrivèrent à la porte de la mai-