qui n’avait pas eu de conseils à vous donner et qui venait au contraire en recevoir de vous. Celle-là ne discutait plus votre poétique. Où ses devanciers n’avaient voulu voir qu’une tentative, elle embrassait du premier coup d’œil une œuvre entièrement édifiée[1] ; et le mystère ajoute sa grandeur aux monuments qu’on n’a pas vu construire. Pour vaincre, il vous a suffi de persévérer.
Rappellerai-je comment cette génération vous a remercié des joies qu’elle vous devait ? Elle s’est prise pour vous d’un enthousiasme qui s’adressait à votre caractère autant qu’à votre lyrisme, et depuis que notre temps a remis en honneur le titre décerné jadis à Ronsard par Marc-Antoine de Muret, jamais prince des poètes n’eut autant de fidèles que vous en comptez dans Paris. On vous aime, mon cher Paul Fort, autant qu’on vous admire. Votre belle vie méritait l’hommage qu’elle a reçu. Ceux qui n’ont rien
- ↑ On sait que Paul Fort a publié, depuis l’année 1897, trente nouvelles séries de Ballades Françaises. En voici les titres qui montrent assez l’étonnante variété de son talent : Montagne, Forêt, Plaine, Mer, Le Roman de Louis XI, Les Idylles Antiques, L’Amour Marin, Paris Sentimental ou le Roman de nos Vingt Ans, Les Hymnes de Feu, Coxcomb ou l’Homme tout nu tombé du Paradis, Île-de-France, Mortcerf, La Tristesse de l’Homme, L’Aventure Éternelle, Montlhéry-la Bataille, Vivre en dieu, Chansons pour me consoler d’être heureux, Les Nocturnes, Si Peau d’Âne m’était conté, Deux Chaumières au Pays de l’Yveline, Poèmes de France, L’Alouette, Que j’ai de Plaisir d’être Français ! La Lanterne de Priollet ou l’Épopée du Luxembourg, Barbe-Bleue, Jeanne d’Arc et mes Amours, Les Enchanteurs, Chansons à la Gauloise, Au Pays des Moulins, suivi de Comme une Solennelle Musique, La Guirlande au gentil William, L’Arbre à Poèmes, Louis XI, curieux Homme, Les Compères du roi Louis (Louis XI, Homme considérable). — [1897-1922].