taire détonne ; il arrête le mouvement de la phrase, il surprend comme une citation, presque comme une langue étrangère.
C’est pourquoi, si la tentative de M. Paul Fort a eu quelques précédents, elle n’en est que plus audacieuse. On trouve, d’ailleurs, des ancêtres aux méthodes les plus personnelles, et celle-ci serait mauvaise si elle était sans famille.
M. Paul Fort l’a faite sienne par la valeur théorique qu’il lui a donnée, par l’importance qu’elle affecte dans son œuvre et mieux encore par les développements infiniment variés dont il a démontré qu’elle était susceptible.
On verra, au cours de ces pages, quelle souplesse, quelle mesure et quel équilibre acquiert la phrase, en suivant, selon le tact de l’auteur, un rythme toujours en métamorphose et cependant toujours rigoureux.
Désormais, il existe un style intermédiaire entre la prose et le vers français, un style complet qui semble unir les qualités contraires de ses deux aînés.
Il dépend des jeunes écrivains de prouver si l’un d’eux a fondé pour longtemps le style littéraire de l’avenir.
Dix-huit ans ont passé, mon cher Paul Fort,