vous qui regardez, qui écoutez ensuite dans l’enceinte des Cours d’assises les relations, les détails qui vous émeuvent d’indignation et de dégoût, si souvent donnés qu’ils sont avec un effrayant cynisme par les coupables eux-mêmes, avant d’être compatissants et miséricordieux ! Vous comprenez que vous seriez les premiers et les plus coupables si, munis de la lettre inexorable de la loi, vous ne tentiez d’extirper, avec elle et par elle, la gangrène du crime qui s’étendrait avec la plus incroyable rapidité. Et l’on voudrait, à présent que les Parquets regorgent d’instructions à suivre à travers de ténébreux chemins de poison et de sang, en France comme à l’étranger ; à présent que certaines mères se font, pour ainsi dire, un jeu de tordre le cou à leur enfant, qu’elles sont accusées d’infanticide, le plus abominable méfait qui soit, et qui ne se rencontre pas même parmi les animaux les plus indomptables et les plus barbares ; c’est maintenant que ces horreurs pullulent, qu’elles font affreusement frissonner la nature entière par leur énormité incompréhensible qu’on vient proposer l’abolition de la peine capitale, irréparable ! Oh ! oui, vous êtes sages, vous, qui ne consentirez pas qu’on touche à cette pierre qui soutient nos têtes, nos fortunes et, par dessus tout, nos affections ! Oui, certes, c’est une sagesse, et une grande, que de considérer aussi les irréparabilités qu’entraînent après eux les meurtriers de tout genre, pour y puiser la force et la volonté de punir irréparablement !
Et puis, vous, nos antagonistes, vous ne cessez encore de nous parler de l’immoralité qu’occasionne l’étalage de la guillotine qui trône sur nos places publiques, parce que, alléguez-vous, c’est un spectacle ignoble et révoltant. Eh ! je