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il ? il est content; il se réjouit de son bonheur et regarde d'un œil de compassion ceux qui n'aiment pas les mêmes choses que lui. Chacun s'imagine d'avoir seul trouvé les vrais principes du contentement humain. Un paysan attentif écoute son curé, qui débite avec emphase des idées sans ordre et sans raison, et dont tout l'art est de bien crier; il l'écoute, dis-je, avec le même plaisir qu'un philosophe goûterait en voyant Wolf en chaire ; et un pauvre campagnard, qui pour exploit signalé vient de faire tomber un lièvre à ses pieds, s'en félicite tout autant que Huygens de la découverte d'une nouvelle planète. Grammatophile rit sous cape de la vanité des occupations des hommes, qui s'embarrassent de tant de choses inutiles, lorsqu'il entend parler des découvertes de Leibniz. Savez-vous pourquoi il méprise de semblables idées ? C'est que tout nouvellement il a expliqué un logogryphe du Journal helvétique. Il n'est plus présentement en goût que d'Anagrammes et de logogryphes. Un esclave de Mammon, qui consume sa vie à accumuler gain sur gain, et