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de croire à un signal convenu pour avertir les royalistes cachés sous le fourré, se saisirent de lui et le mirent en état d’arrestation malgré ses protestations.

« Je ne suis point, leur disait il, avec une voix étranglée par la terreur, un aristocrate. Je suis un bon patriote. J’ai droit à l’affection et aux égards de tout soldat républicain.

« — Tais-toi, bougre de chouan ! lui répondirent-ils, nous prends-tu pour des imbéciles ? Va conter cela à d’autres. Nous allons te faire voir que nous te connaissons. »

En lui parlant ainsi, ils le secouaient avec violence et s’encourageaient mutuellement à le frapper.

« Fouts-lui, criaient les plus exaltés, ou je lui fouis ?

« — Grâce ! grâce ! répétait le vieillard. Accordez-moi au moins la vie. Conduisez-moi au Teil et l’on vous dira que je suis un bon républicain. »

Brisé par l’émotion et le corps tout meurtri des coups de plats de sabre dont ils l’accablaient, il s’assit sur le revers du talus, leur promettant encore de les régaler au bourg, s’ils lui laissaient la vie.

« Oh ! qu’on voit bien que c’est un chouan ! il parle comme eux », fut toute la réponse qu’il obtint de ses bourreaux.