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HISTOIRE INDIENNE.

distance. Je ne franchis qu’avec difficulté l’espace qui m’en séparait, et, grâce à l’intelligence d’Adi-Ruben, chargé d’affaires de M. Makinston, je parvins au quartier-général sous les murs de Seringapatnam, tantôt porté sur un bengali, tantôt sur des dromadaires, ayant souvent à souffrir de l’insolence des Cipayes, qui sont les Arabes de l’Indoustan.

Ces contrariétés positives m’avaient rendu une sorte d’énergie ; elles dissipaient parfois les sombres chimères dont le chagrin s’entoure et se nourrit aussi avidement que le plaisir pourrait le faire des illusions les plus riantes.

J’atteignis l’armée anglaise le 29 avril 1799. Je traversais le camp des Écossais le soir, lorsque j’appris la mort de William Makinston. Il venait d’être tué à l’attaque d’une haie vive qui borde la rivière de Cauveri et entoure Seringapatnam. Son corps était emporté par le courant du fleuve : un général indien qui l’avait rapporté à la nage, faisait rendre tous les soins aux restes du colonel Makinston ; il avait mérité ce grade par des actes récens de la bravoure la plus signalée.

Ce cadavre mutilé fut déposé dans sa tente. Assis à ses côtés, je me figurais l’égarement de